| Énergitorial Nous bouclons notre deuxième année de parution : pourquoi même au mois d'août ? En soi, c'est un évènement bien mineur, mais qui a nécessité quelque ténacité, comme vous le diront tous ceux qui se sont attelés à une oeuvre d'information durable : site Internet, blog ou newsletter, pour ne pas parler de la presse classique, qui, elle, s'inscrit dans un modèle économique en principe profitable, contrairement aux media purement Internet. Pourquoi s'y tenir ainsi ? Pourquoi pas de trêve estivale ? Il n'échappe à personne que plus nous avançons vers le village monde, grâce notamment aux TIC (technologies de l'information et de la communication), nous vivons à un rythme accéléré, sans pauses et sous un flot continu d'informations, nuit et jour, tout au long de l'année. L'été n'est plus cette période de léthargie, parfois propice à quelques mauvais coups. Cette année en particulier, l'actualité y a suivi un cours très soutenu et la sphère politico financière est restée pour le moins nerveuse. On peut regretter le temps où il y avait encore, chez nous tout au moins, la coupure estivale, la pause hebdomadaire et le silence nocturne, mais de l'autre coté du globe, il fait jour, et les multitudes asiatiques produisent et consomment, en concurrence frontale avec nous sur tous les marchés, dans le monde globalisé. Alors, il faut aujourd'hui rester en éveil malgré notre fameuse culture juillettiste/aoûtienne, et dans notre domaine des énergies, les nouvelles n'ont pas manqué, même des bonnes, comme on pourra le lire ci-dessous. En tout, cas, ce n'est pas en se mettant la tête dans le sable que nous échapperons aux réalités, surtout si elles sont dures. Bon plein d'énergies ! | Sommaire | 1. | Les énergies du Mené | 2. | Les grands projets du Mené | 3. | Le monde de l'énergie | 4. | Chronique de la transition heureuse | 5. | Et moi, ce soir, demain, l'an prochain, dans cinq ans ? | |
| 1) Les énergies du Mené | Vue du coté de Saint Jacut La vitesse du vent selon la hauteur éoliennes E126, de 7,5 MW, en Aragon | Permis de construire accordé au parc éolien "Landes du Mené". La préfecture des Côtes d'Armor a délivré, en date du 28 juillet, le permis bien attendu, à l'issue une procédure de 27 mois. La Communauté de Communes du Mené va donc maintenant voir s'élever ses premières éoliennes : sept machines d'une puissance unitaire de 800 kW, soit 5,6 MW au total. Nous en profitons pour rappeler que cette faible puissance unitaire, à l'heure où les pays développés (et moins développés) installent des machines terrestres dix fois plus puissantes, est imputable aux contraintes imposées par l'armée de l'air. Elle interdit, sur la zone la mieux ventée de Bretagne (plus de 200 km², de Landivisiau à Bécherel), de dépasser une hauteur de 90 m au dessus du sol. Il en résulte une perte des trois quarts de la production d'électricité qui serait possible chez nous avec les machines les plus performantes... |
| 2 ) Les grands projets du Mené |
| Relâche estivale. (Quand même) |
| 3 ) Le monde de l'énergie |
| Quelques brèves du mois d'août. -
L'EPR de Flamanville de nouveau "épinglé" L'ASN (autorité de Sûreté Nucléaire) estime que la résistance aux séismes n'est pas suffisante, par rapport à des magnitudes pas inimaginables en Normandie. D'autre part de nouvelles malfaçons graves ont été découvertes dans la réalisation du gros oeuvre. -
La filière biodiesel française "épinglée" par les autorités européennes, à cause de l'origine des huiles utilisées, qui viennent de plus en plus des zones tropicales "déforestées". -
Les anglais ont arrêté la production de combustible nucléaire MOX, dont ils étaient les plus gros producteurs. Il s'agit du produit le plus dangereux en cas d'accident de type Fukushima, et ils en ont vite tiré les conséquences. Pas AREVA, apparemment. -
Pétrole pas encore mort : Total et la compagnie Statoil ont confirmé la découverte du plus important champ par la Norvège depuis plus de vingt ans : Aldous Major South. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, des américains ont mis au point un procédé permettant l'extraction du pétrole des schistes et sables bitumineux avec un solvant, moins coûteux et, paraît-il, moins polluant que l'actuel, qui utilise de la vapeur. -
Mais coup de froid sur les gaz de schiste aux USA : Les évaluations de réserves ont été divisées par cinq sur la plus grande zone de gisement, les Appalaches. Heureusement qu'il y a encore le pôle nord !
| Les "innovations" de l'appel d'offres Les trackers, suivent le soleil, mais c'est fragile, surtout avec du vent. Le solaire thermodynamique chauffe un fluide qui sert à faire tourner un turboalternateur. Le PV à concentration, utilisant des lentilles pour mieux utiliser les surfaces actives de silicium. | Le photovoltaïque en France : suite. Nous savons maintenant presque tout sur le dispositif mis en place par le gouvernement, après le moratoire de décembre, pour assurer le futur du photovoltaïque dans notre pays qui ne peut se passer de ce mode de production prometteur. Il était déjà clair que, pour les puissances crêtes de 100 à 250 kW, les projets doivent s'inscrire dans des appels d'offres échelonnés dans le temps (400 MW attribués jusqu'au 1.4.13), avec un seul critère, une fois satisfaites diverses contraintes : le prix offert au MWh, sans correction géographique. Autant dire que les régions de faible ensoleillement n'ont aucune chance de voir se développer de telles installations. Pour les puissances supérieures, une première version de cahier des charges a été diffusée, pour l'appel d'offres qui sera lancé mi-septembre, avec réponse avant le 8 février 2012. Il clarifie les points que nous avions soulevés le mois dernier. Toutes les catégories ouvertes sont effectivement photovoltaïques, sauf une, avec des subtilités baptisées "innovations" qui peuvent laisser perplexe. Pour les grands parcs PV au sol "classiques", il y a deux catégories : - jusqu'à 40 MWc par parc, pour un maximum de 100 MW
- jusqu'à 4,5 MWc par parc, pour un maximum de 30 MW
Dans les deux cas, le prix au MWh sera le critère de choix, une fois satisfaites les contraintes, et, là aussi, apparemment sans correction géographique. C'est très limité, et autant dire que les régions moins ensoleillées n'ont aucune chance. Ces catégories vont probablement rester aux grands faiseurs qui, grâce aux volumes, peuvent tirer des prix plancher pour le Wc installé. Même si ces appels d'offres ne sont pas favorables pour le photovoltaïque dans notre région, nous devons en noter les éléments positifs: - ils obéissent à une saine logique économique, en poussant à la baisse des prix d'achat du MWh et à la rationalité écologique : pour des installations de masse, il est normal de travailler sur les meilleurs gisements, avant de gâcher les investissements sur les médiocres.
- ils poussent aussi fortement les prix des installations à la baisse en France, alors que les dispositifs de tarifs précédents nous donnaient les prix les plus élevés. On descend maintenant, pour les grands parcs, nettement en dessous de 2 Euro/Wc, jusqu'autour de 1,5 pour les grands faiseurs.
Ce qui devrait donner, dans le cadre de cet appel d'offres, des niveaux autour de 150 Euro/MWh pour les moins disants. Nous sommes là bien loin des 400 Euros qui prévalaient il n'y a guère, et nous nous rapprochons des niveaux des autres modes de production (80 Euro/MWh pour l'éolien et... l'EPR de Flamanville !). Qui s'en plaindra, d'autant que cette pression sur les prix se répercute sur tous les projets. Le moment venu, même dans les régions moins ensoleillées, nous pourrons disposer de PV à des coûts "raisonnables", pour compléter et équilibrer des bouquets de production d'électricité, en couplage avec l'éolien, par exemple. |
| 4) Chronique de la transition heureuse | La presqu'île "avant" Îlot résidentiel sur la place nautique L'hôtel de la région Rhône Alpes : 100 kWh/m²/an Milkyway, rénovation du siège de Candia : BBC, 40 kWh/m²/an Amplia, résidentiel social: bâtiment à énergie positive La rénovation des prisons : des logements et l'Université Catholique La mobilité : le tramway sur le cours Charlemagne Lyon Confluence : le verdissement, les ponts nouveaux; à terme, 25 000 habitants, 22 000 emplois. | Lyon confluence : quand les grandes villes françaises s'y mettent. Nous avons mis à profit cet été mitigé pour faire un tour en ville. Toutes, même en France, ont aujourd'hui des projets d'éco quartiers et parmi elles, Lyon y travaille depuis maintenant une quinzaine d'années sur une aire de 150 ha environ : l'extrémité de la presqu'île entre Saône et Rhône, au sud de la gare de Perrache, "derrière les voûtes", longtemps quartier à l'écart du "vrai" Lyon. Bordé coté Rhône (à l'est) par l'autoroute A7 et coté Saône (à l'ouest) par les quais des anciennes installations portuaires du port Rambaud, et sillonné par la voie de chemin de fer de la rive droite du Rhône, ce quartier abritait dans sa partie sud, de part et d'autre du cours Charlemagne, des activités logistiques et industrielles, et notamment le MIN de Lyon, marché de gros, définitivement fermé en 2006. Tout au nord,contre les voies de Perrache coté Rhône, les prisons Saint Paul et Saint Joseph désaffectées en 2009, et entre les deux, un quartier d'habitation, autour de l'église Sainte Blandine, plutôt à l'est du cours Charlemagne, l'ouest étant occupé par quelques équipements sportifs (patinoire et terrains de sport). L'opération confluence s'est donc engagée comme un énorme projet d'urbanisme, attirant force architectes, parmi les plus renommés, et tout le monde de la construction, des travaux publics et de la promotion immobilière. Il a tout de suite été question de mener une opération exemplaire : respect de l'environnement, agrément de vie, fonctionnalités économique (tertiaire et commerciale) et résidentielle, en assurant la mixité sociale. Le temps passant, la préoccupation énergétique s'est faite progressivement plus pressante, et on peut noter d'une phase à l'autre du projet global, un net durcissement des exigences. C'est cet aspect qui va nous occuper maintenant. Il y a deux types d'opérations : - au sud, la reconquête des terrains industriels, en conservant ici et là quelques éléments du bâti comme marqueur de l'histoire des lieux. Au milieu d'une trame verte diffuse mais assez dense, et même bleue, avec la darse du port Rambaud transformée en place nautique, les divers îlots prennent forme, dévolus au résidentiel, au tertiaire, au commercial ou aux administrations et équipements publics. La première tranche, lancée au début du millénaire, s'est inscrite dans le cadre du programme européen Concerto qui soutient les constructions énergétiquement performantes : il s'agissait des performances de l'époque, le label THPE (Très Haute Performance Énergétique), soit environ 100 kWh/m²/an. C'est le cas du nouvel hôtel de région Rhône-Alpes, un projet de 150 MEuro, oeuvre de l'architecte Portzamparc : 45 000 m² de SHON dont 25 000 m² de bureaux, qui est occupé progressivement depuis le mois de juin. La performance est notable, si on compare à des oeuvres récentes du même architecte, comme Les Champs Libres à Rennes (24 000 m²), ou tel hôtel d'assemblée en Bretagne, dont les consommations sont supérieures à 500 kWh/m²/an. Comme sur tous ces projets urbains, les moyens mis en oeuvre sont l'isolation renforcée (vitrages multiples, isolation extérieure), la ventilation double flux, le solaire thermique et photovoltaïque (1100 m², pour 7% de couverture de la consommation) et pompes à chaleur assurant chauffage et climatisation.) Pour les tranches suivantes, on trouve des performances de niveau BBC (40 kWh/m²/an), et même, pour les plus récents, comme l'immeuble Amplia, du bâtiment à énergie positive : 66 logements, 6 000 m² SHON. Dans ce cas, l'isolation est suffisante pour que la pompe à chaleur nécessaire pour assurer le chauffage puisse être alimentée par les seuls panneaux solaires du bâtiment. Une conception très pointue, une esthétique moins tourmentée que d'autres édifices. Il sera intéressant de voir si ça marche.
- Au nord, la rénovation de l'îlot Sainte Blandine et des prisons, qui se fait immeuble par immeuble, avec l'objectif de diviser par quatre les consommations, comme par exemple l'ancien siège de Candia, qui va devenir l'immeuble de bureaux Milkyway, BBC, et les prisons, qui vont accueillir des logements et l'université catholique. Nous n'avons pas d'indication sur les performances énergétiques de ces derniers ensembles.
Il est à noter que, mis à part les dispositions d'urbanisme visant à optimiser l'utilisation du soleil, le projet ne comprend pas d'équipement énergétique collectif, comme un réseau de chaleur ou une centrale thermique solaire. La problématique énergétique est travaillée bâtiment par bâtiment. Le cours Charlemagne et le tramway assurent la mobilité des 25 000 habitants et 22 000 emplois futurs, tous à moins de 400 m. Une opération très significative, même si son étalement dans le temps en réduit un peu la portée par rapport aux enjeux d'aujourd'hui. Même la ville peut s'approcher de l'autosuffisance, comme le montre, en Allemagne, au fil des ans, Freiburg in Breisgau. |
| 5) Et moi, ce soir, demain, l'an prochain, dans cinq ans ? agir au niveau individuel |
| Attention aux courbes, graphiques et chiffres en tous genres ! Le grand art, aujourd'hui, est d'utiliser tous les moyens que mettent à notre disposition les outils de la bureautique et de l'infographie pour créer de magnifiques pseudo démonstrations. Elles sont utilisées dans tous les domaines et aussi celui des énergies, soit pour faire passer des politiques douteuses, soit pour "refiler" à des clients crédules des dispositifs non moins douteux. Martin Bouygues, le patron du groupe du même nom, raconte qu'il applique fidèlement ce conseil donné par son père Francis auquel il a succédé : "Une affaire que tu ne comprends pas, ne la fais pas." Il ne faut pas se laisser impressionner par le beau plumage, ni par des discours brillants. Ils ne doivent servir qu'à faire comprendre le fond du problème; sinon, "il y a un truc" et le bon sens permet en général de le sentir. A condition de ne pas l'avoir complètement inhibé ! Attention (bis) : dans les systèmes d'isolation de l'enveloppe du bâti (murs et toiture), les coefficients d'isolation sont un des paramètres, mais il faut aussi prêter attention à la gestion de l'humidité : l'air humide, dont la vapeur d'eau risque de se condenser selon les températures. La question est de bien savoir où, pour éviter de sérieux ennuis, dans une maison trop (mais mal) isolée. Merci à l'inépuisable source d'inspiration des Shadoks ! | |
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