Compte-rendu de l’atelier participatif
« Des territoires innovants : 3 pays, 3 expériences »
Freiburg-im-Breisgau en Allemagne, Vorarlberg en Autriche
et « 31 communes au soleil » association Energie facteur 4 en Belgique
Festival Ecohabiter – Eurre – Dimanche 3 Octobre 2010
Rédactrice : Laure Vuinée – 06 79 45 70 18 – laure.vuinee@gmail.com
Energie Facteur 4
Présentation
L’atelier a débuté avec une présentation de Manoël Rekinger qui travaille au sein de l’association Energie Facteur 4 asbl (www.ef4.be) en Belgique. Association à but non lucratif située en région Wallonne, cette structure est composée de 12 salariés et pilote des projets qui sont en partie subventionnés par la région Wallonne. Energie Facteur 4 a pour objectif de promouvoir l’énergie solaire à travers la démonstration de l’efficacité et de la faisabilité de projets innovants et pilotes en la matière. Ces projets pilotes concernent des bâtiments publics.
Petit rappel et intérêt de l’énergie solaire
L’énergie solaire peut être photovoltaïque ou thermique afin de produire respectivement de l’électricité ou de la chaleur. Dans le premier cas, l’énergie lumineuse est donc transformée en électricité qui est ensuite relayée à un réseau électrique.
Les avantages de cette énergie reposent sur sa simplicité d’installation, son intégration possible au sein de tous les types de bâtiments (toiture inclinée ou plate par exemple) mais aussi son utilisation à long terme (de 30 à 35 ans).
Des panneaux photovoltaïques peuvent par exemple être disposés sur le toit de parking ou encore pour la protection de bâtiments contre le soleil permettant ainsi une diminution de la température intérieure et donc de l’utilisation de la climatisation.
De nombreuses réflexions doivent ainsi être menées sur cette énergie et l’ensemble des intérêts qu’elle peut apporter. L’Allemagne est aujourd’hui le pays précurseur et le plus avancé en termes de production mais aussi de recherche et de développement de cette énergie.
Exemples de projets pilotes
Le premier exemple concerne l’installation de 160 m² de panneaux photovoltaïques sur l’école maternelle d’Attert. Cette installation a permis une diminution de la consommation d’énergie de 66 % et une diminution d’émissions de CO2 s’élevant à 10 tonnes par an. De plus l’installation d’un panneau didactique affichant la quantité d’électricité produite aide à la sensibilisation et à l’éducation des enfants mais aussi des parents à la problématique énergétique.
Le deuxième exemple, nommé le projet Spiral, est subventionné par la région et l’Union Européenne. Il concerne 14 maisons passives constituant un hameau social où des installations solaires thermique et photovoltaïque ont été réalisées.
Le monitoring de la consommation et de la production d’énergie de chaque futur habitant (habitants qui devraient emménager d’ici fin 2010) a ainsi permis de les mener à réfléchir à leur propre consommation d’énergie, leurs habitudes et confort.
Le troisième projet présenté « 31 communes au soleil » concerne l’arrondissement de Huy-Waremme. Un maire, souhaitant donner l’exemple dans sa commune, voulait installer des panneaux photovoltaïques sur les bâtiments publics. Afin de pouvoir bénéficier de subventions de l’Union européenne (fonds FEDER : Fonds Européen de Développement Régional), un rassemblement des communes autour d’un projet global a été proposé. Ainsi 44 installations sur des bâtiments communaux de 5kWc ont été réalisées. Un volet sensibilisation fait aussi partie du projet à travers la réalisation de 32 conférences. Ce projet, abouti en 2 ans, a permis de mener à une réflexion globale sur un territoire conséquent (équivalent d’une Communauté de communes en France) et a été subventionné à hauteur de 82 % par l’UE et 18 % par les communes pour atteindre un budget de 2 200 000 €.
La deuxième phase consiste aujourd’hui à investir une partie de la subvention qui n’a pas encore été dépensée (900 000 € TVAC). Une société coopérative va donc être créée sur un fonds d’investissement, issu de cette subvention, qui permettra de poursuivre le projet notamment en termes de performance.
Chaque commune a déjà dépensé 5 225 € dans ce projet et reçoit pour revenu issu de la vente de l’électricité produite 2000 €. L’ensemble de ces revenus sont réunis afin d’emprunter 360 000 € sur 10 ans pour financer de nouveaux projets. On parle alors de projet « Tiers investisseur ».
Ce projet a permis de démontrer que la pose de 80 à 100 m² de panneaux est réalisable. Energie facteur 4 a de plus aujourd’hui des chiffres et bilans à présenter concernant les investissements dans le projet « Tiers investisseur ».
Bilan global des projets pilotes
Les fonds européens ont permis de financer des projets innovants aboutissant au développement et la mise en œuvre de techniques nouvelles mais aussi à la formation de techniciens. Les filières d’installation de panneaux ont de même été aidées dans l’appropriation de ces techniques.
L’un des objectifs était de démontrer l’efficacité d’une technique et de la diffuser et a été réalisé avec succès.
Le projet aurait aussi pu se faire sans les aides de l’UE mais le temps de retour sur investissement aurait donc été plus long. A long terme, des projets similaires seront réalisés dans d’autres communes mais sans aides financières de l’UE.
En matière de sensibilisation du public, il paraît évident que l’ensemble de ces exemples concrets, sans oublier les bilans chiffrés pouvant alors être présentés, permettent d’engendrer des réflexions et résultats intéressants. Ainsi l’apparition d’un effet d’appel au photovoltaïque est apparu par la suite chez les particuliers. Des déclinaisons ont été réalisées chez ces derniers qui ont alors réfléchi à leur consommation d’énergie, ce qui constitue en fait la première étape d’une réduction de la consommation d’énergies et l’utilisation d’énergies plus propres !
La discussion qui a suivi cette présentation a mis l’accent sur l’exemplarité des communes. Si les collectivités se mobilisent et se motivent pour réfléchir et investir dans des projets similaires, elles pourront alors trouver des facilités économiques à travers notamment les subventions européennes disponibles. Il a été précisé qu’en France le financement européen peut atteindre au maximum 80 % du montant d’un projet.
Les campagnes de sensibilisation, à partir de réflexions menées avec les enfants notamment, ont déjà fait leurs preuves en France (concernant le tri sélectif) et se sont avérées très bénéfiques aussi dans les projets présentés ici.
Il serait intéressant de créer des associations de personnes intéressées par ce type de projets afin de démarcher les communes ou inter-communautés et de faire du « bon lobbying ». Le manque de compétences techniques et juridiques au sein des communes constitue souvent un frein à la réalisation de ce type de projet, il est donc primordial de les inciter à faire appel aux structures compétentes et qui peuvent les conseiller gratuitement.
L’association HESPUL, basée à Villeurbanne, sous-section de l’ADEME, a notamment été citée.
Il paraît aussi important de bien présenter l’ensemble des techniques et bénéfices du photovoltaïque qui permet, d’une part de créer de l’énergie électrique et d’autre part de protéger les bâtiments du soleil et de diminuer ainsi leur température en été.
Confection, durée de vie et recyclage des panneaux photovoltaïques
L’origine de ces panneaux a aussi été discutée : fin 2009, 58 % des cellules photovoltaïques étaient créées en Asie où certains pays se sont spécialisés dans le domaine des semi-conducteurs. La Belgique présente aujourd’hui une volonté d’industrialisation différenciée dans ce domaine c’est-à-dire en proposant la création de produits différents.
La matière première utilisée est le silicium (issu de la purification de sables) qui est recyclable. En fin de vie, les panneaux sont récupérés, fondus et réutilisés. Le schéma complet de recyclage a déjà été réalisé en Belgique par des Allemands dont le résultat est le recyclage de 85 % des panneaux.
La durée de vie des panneaux dépend des conditions météorologiques du milieu où ils sont posés (notamment l’hygrométrie).
Les tests mécaniques réalisés pour les normes ont démontré une résistance supérieure à celle des pare-brises de voitures.
Le problème de départ d’incendie a aussi été cité. 12 cas d’incendies concernant des bâtiments avec des panneaux photovoltaïques ont été recensés en Allemagne. Dans de tels cas il est primordial que des procédures adaptées d’interventions des pompiers aient été réfléchies et communiquées. Les pompiers ont en effet rarement connaissance de ces procédures particulières d’interventions liées à la présence de panneaux photovoltaïques. Un groupe de travail s’attelant à ce sujet a été créé en 2009 en Allemagne dont les résultats sont le besoin de marquage visuel sur les bâtiments et l’éducation des pompiers.
Bilan
L’intérêt et le rôle de l’Union européenne ressortent bien à travers ces exemples mais aussi la nécessité de faire réfléchir les personnes sur leur consommation d’énergie, la meilleure énergie étant celle non-utilisée.
A l’échelle des Communautés de communes, il paraît intéressant d’employer un salarié qui s’occuperait du montage de demande de subventions à l’Union européenne dans le cadre de projets européens puisque ce sont des démarches complexes à mettre en œuvre.
Ø Présentation des voyages en Allemagne et en Autriche
Les 2 voyages réalisés par le CLD Pays Diois et les élus de la Bio-Vallée en Allemagne et en Autriche avaient pour but de découvrir l’évolution des pratiques constructives.
→ Les éco-quartiers de Freiburg-im-Breisgau - 2009
Historique
Lorsqu’en 1992, trois ans après la chute du mur entre l’Est et l’Ouest, les troupes françaises d’occupation ont quitté l’Allemagne, l’ancienne caserne Vauban s’est trouvée désertée. Compte tenu de la pression foncière, la ville de Fribourg a préempté les terrains et a procédé à différents travaux de nettoyage, de destruction de bâtiments insalubres et de dépollution des sols. Toutefois des jeunes, constitués en association, ont parallèlement commencé à squatter certains vieux bâtiments et à les réhabiliter de manière écologique pour en faire des résidences étudiantes.
Cette association et la commune ont donc réfléchi communément à la rédaction d’un cahier des charges pour la construction de nouveaux habitats. L’une des motivations de ses jeunes habitants étaient notamment le refus du nucléaire et donc de proposer des alternatives en termes d’habitats et de production et consommation d’énergie.
Présentation des lieux et bâtiments visités
Aucune voiture ne circule dans ces espaces, deux grands parkings sont à disposition des habitats à proximité de ces quartiers. Un transport en commun est situé à moins de 500 m de chaque habitation. De réels espaces à vivre sont donc présents entre les habitations où la circulation à vélo par exemple est tout à fait tranquille et agréable.
Les espaces de jeux pour les enfants sont à la libre utilisation et gestion de l’ensemble des habitants.
Les nouveaux quartiers sont constitués de logements sociaux passifs (avec des panneaux solaires) mais aussi des bureaux présentant des équipements aux technologies poussées tels que des panneaux avec ventilation nocturne permettant de refroidir les bâtiments la nuit sans ouvrir les fenêtres.
Une ferme, équipée de panneaux solaires photovoltaïque et d’éoliennes, a aussi été visitée. Elle récupérait notamment la chaleur issue du refroidissement du lait. Ainsi 50 % des revenus de la ferme n’étaient pas issus de l’activité agricole.
Commentaires
Les impressions ressortant de ces visites ont été :
- le choc culturel,
- le poids de la législation française.
Ces éco-quartiers répondent bien à la notion de globalité. Cette dernière paraît aujourd’hui importante et primordiale à considérer lors des réflexions menées pour tout projet de constructions ou d’aménagement. Il faut en effet réfléchir à la construction, aux transports, à la performance énergétique mais aussi aux aspects sociaux (tissu social riche…). De nombreux critères sont donc à prendre en compte :
→ Réglementaire (Urbanisme, sécurité…)
→ Architecturaux
→ Techniques (performance thermique, acoustique, éclairage naturel…)
→ Financiers
→ Environnementaux (matériaux sains, déplacements…)
→ Humains
Un logiciel permet de considérer la globalité de projets : le logiciel COCON : Comparaison de solutions Constructives, de Confort et d’émissions de CO2.
Le besoin d’un référentiel a aussi été cité tel le BDM (Bâtiment Durable Méditerranée) et encore et toujours la participation de la population.
Une concertation entre les municipalités et les habitants est nécessaire afin de confronter les idées et de négocier.
→ Vorarlberg en Autriche - 2010
La rencontre des élus de ces villes innovantes en termes d’éco-construction a motivé la réalisation de ce voyage.
Les 60 communes concernées ici, situées autour du lac de Constance, couvrent une surface équivalente à celle de la Bio-Vallée.
Présentation des lieux et bâtiments visités
Les constructions visitées étaient :
- un gymnase 100% bois pouvant être transformé en salle municipale ou théâtre ;
- des habitations regroupées présentant des espaces communiquant mais aussi individuels sans clôture ;
- le collège particulièrement lumineux, en bois, proposant de grands espaces ayant pour objectif de diminuer les tensions des élèves, avec une cour ouverte sur le village ;
- la mairie avec une terrasse couverte par un toit laissant passer la lumière et ayant des panneaux photovoltaïques ainsi qu’un restaurant, une salle de musique, une ludothèque ;
- les logements sociaux sur deux étages, en bois avec des escaliers extérieurs et l’aménagement d’espaces de rencontres et de jeux ;
- la chaufferie collective au bois permettant de chauffer 70 logements.
L’ensemble des bâtiments communaux sont fabriqués en pin local, ainsi la filière bois a pu être créée et a été dynamisée. Les appels d’offre ont inclus des exigences favorisant les entreprises locales.
Le papier approvisionnant les établissements scolaires provient d’une coopérative locale. L’une des exigences dans le cahier des charges de l’appel d’offre était notamment de pouvoir livrer dans les deux jours, ainsi les entreprises locales ont à nouveau été favorisées.
Un concours européen honorifique, incluant une récompense financière à travers des subventions, a déjà récompensé à plusieurs reprises les maires de ces communes.
Commentaire et bilan
L’ensemble de ces bâtiments sont passifs, fonctionnels et inclus de nouvelles technologiques mais sont aussi très beaux ! Enfin la démocratie participative forte dans ces communes constitue un très bon atout pour la réalisation de ces projets.
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