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lundi 29 août 2011

Réoxigéner la Démocratie...


Face à l’explosion des inégalités, au retour des privilèges et à une tolérance croissante à l’égard des discriminations, les élus absents, autistes, voire profiteurs. Que faire ?

Pavé

Le livre que publie dans quelques jours Pierre Rosanvallon tombe à point. Déjà parce qu’il permet de mieux saisir les différentes facettes de la crise que traverse la France : l’inégalité des citoyens devant l’impôt, au cœur du débat politique depuis 2007 ; les écarts colossaux de revenus entre les deux bouts du marché du travail ; la fragmentation du corps social, devenu un archipel de classes que plus rien ne relie entre elles et qui se regroupent en ghettos ; les tensions scolaires et la mission impossible assignée à l’école, à quelques jours de la rentrée des profs et des élèves ; la montée aux extrêmes, avec le retour en force d’idéologies nationalistes et populistes. Rosanvallon parvient à tirer une analyse d’ensemble de ce chaos d’événements singuliers : la crise des crises est celle du concept même d’égalité. Ce concept au cœur de la devise de la République, gravé au fronton des bâtiments publics mais attaqué de toutes parts et littéralement vidé de sa substance. Comment s’étonner qu’une démocratie aille mal quand l’un de ses piliers s’effondre ? Et que nous régressions collectivement, dit Rosanvallon, retrouvant en plein XXIe siècle des situations qui caractérisaient… le XIXe ? Face à cette situation, colmater les brèches ou se contenter de limiter les inégalités demeurera utile mais vain. Alors que la France se dirige vers la présidentielle, ce livre rappelle la politique à ses devoirs. Et formule clairement l’enjeu majeur de 2012 : non pas garder le triple A (1), mais refonder la société.

«La gauche doit changer la société»

Interview Le professeur au Collège de France Pierre Rosanvallon explique le recul progressif de l’idée d’inégalité et propose de réactualiser cette notion dans une «société des égaux».

C’est au Collège de France, où il est professeur et où est installée aussi l’équipe qui travaille autour de lui à la production de l’excellent site La Vie des idées, que l’historien Pierre Rosanvallon nous a reçus, en cette veille de rentrée politique et intellectuelle, pour un long entretien.

Vous portez le diagnostic d’une crise de l’égalité, quels en sont les symptômes ?

D’abord l’accroissement spectaculaire des inégalités de revenus et de patrimoines. Depuis la fin du XIXe siècle, les pays industrialisés avaient mis en place à travers des politiques sociales et fiscales tout un ensemble de mécanismes correcteurs des inégalités. La crise prend la double forme d’une décomposition de cet Etat-providence et de régression du prélèvement fiscal progressif. Avant l’arrivée de la gauche au pouvoir, en 1981, le taux marginal supérieur de l’impôt sur le revenu [le niveau de taxation de la tranche d’imposition la plus haute, ndlr] était de 65% ; il est aujourd’hui de 41% ! Ce recul s’observe partout. Il est, par ailleurs, à rapprocher de l’accroissement spectaculaire des rémunérations les plus élevées.

Dans les années 70 toujours, Peter Drucker, le pape du management d’alors, conseillait aux grandes entreprises de ne pas dépasser des écarts de rémunérations allant 1 à 20 - et cela correspondait d’ailleurs aux pratiques de l’époque. Aujourd’hui, on observe des écarts de 1 à 400 dans les entreprises du CAC 40 ! Mais il ne s’agit pourtant là que de l’une des dimensions, arithmétique, de la crise de l’égalité. Il existe aussi une crise sociale de l’égalité, plus profonde encore.

Qu’entendez-vous par là ?

Je veux parler de tous les mécanismes de décomposition du lien social. Cette crise se manifeste par l’ensemble des formes de sécession, de séparatisme, par le déclin de la confiance encore. On voit aussi ressurgir la figure très XIXe siècle du rentier. C’est de nouveau le passé qui tend à gouverner le présent, comme le dénonçait Balzac. Nous nous retrouvons dans une société où ce n’est plus le travail qui fait le niveau de vie, mais l’héritage, le capital accumulé. La crise de l’égalité est donc celle d’un modèle social.

Comme historien, ce retour au XIXe me frappe, il me renvoie, par exemple, au roman de Disraeli, Sybil, dans lequel deux nations hostiles commencent à se former dans l’Angleterre victorienne, les riches et les pauvres vivant sur deux planètes. Toute l’histoire du mouvement ouvrier est liée à la lutte contre ces phénomènes de séparatisme et de sécession. Il devient extrêmement urgent de changer de focale pour réaliser que ce sont bien les conditions de formation du lien social qui sont aujourd’hui en jeu, et que cela ne se réglera pas par de simples ajustements.

Comment expliquer le délitement progressif de l’idée même d’égalité ?

L’idée d’égalité fut le cœur des révolutions démocratiques modernes, aux Etats-Unis comme en France. Il s’agissait de créer une société d’égaux dans laquelle chacun est respecté, dans laquelle les individus sont considérés comme des semblables, dans laquelle chacun se voit donner les moyens d’être indépendant et autonome, dans laquelle chacun participe à égalité au monde commun. Loin d’être secondaire, l’égalité sociale était l’idée matrice de ces révolutions. Son recul progressif s’explique par plusieurs raisons. J’en vois au moins deux de type historique.

La peur fut d’abord l’un des grands vecteurs des réformes du XIXe. Les forces sociales naissantes ont évidemment joué leur rôle, mais elles furent aussi acceptées par la droite pour essayer de contrer la montée en puissance des partis socialistes. Bismarck sera le premier à dire qu’il fallait faire des réformes sociales pour éviter des révolutions politiques. Jusqu’à la chute du mur de Berlin, ce réformisme de la peur a joué un rôle fondamental pour justifier la lutte contre les inégalités. Aujourd’hui, les peurs collectives renvoient à l’insécurité, au terrorisme. Ce sont des peurs négatives qui ne produisent aucun lien social, mais au contraire un Etat autoritaire coupé de la société.

Quelle est l’autre explication historique ?

Les épreuves partagées, bien sûr. La Première Guerre mondiale a joué un rôle très important dans ce que les historiens ont appelé la nationalisation des classes ouvrières en Europe. La Seconde, après laquelle a émergé un modèle keynésien-redistributeur. Mais il y a d’autres facteurs proprement sociologiques et culturels, peut-être plus importants encore. Notamment la montée en puissance de ce qu’on appelle de manière très générale le néolibéralisme. Il a justifié le démantèlement de l’Etat-providence (même s’il est encore résilient) et la réduction des impôts. Mais ce néolibéralisme a aussi correspondu à des formes d’attentes sociales. Il a deux visages : destruction d’un monde commun, mais aussi reconnaissance d’un certain nombre de droits. Les individus ont fini par accepter tacitement des formes de destruction du monde commun, regardant surtout la contrepartie de l’accroissement de leur marge de liberté individuelle. Cela s’est lié à la mise en avant de la figure du consommateur. L’Europe s’est d’ailleurs significativement développée à partir des années 1980 comme la grande institution de défense de cette figure du consommateur. Or le consommateur ne se définit pas dans un lien avec autrui, mais par le fait qu’il peut choisir entre trois opérateurs téléphoniques ! C’est un individu diminué, a-social.

Cela renvoie aussi à ce que vous proposez d’appeler paradoxe de Bossuet…

«Dieu se rit de ceux qui déplorent les conséquences de faits dont ils chérissent les causes», disait-il. Il y a presqu’une quasi-unanimité sociale pour considérer que les inégalités actuelles sont insupportables, mais en même temps les mécanismes qui produisent ces inégalités sont d’une certaine façon globalement acceptés. Si l’on entend des critiques sur les salaires des PDG qui ne renvoient clairement pas à des éléments de mérite, c’est moins le cas pour les rémunérations des stars du football par exemple, qui semblent davantage «méritées». Au fond, l’idéologie du mérite s’est partout imposée, porteuse d’un consentement silencieux à une partie des mécanismes producteurs des inégalités. Un bon indice : dans le monde intellectuel, depuis vingt ans, toute la réflexion sur les inégalités et la justice a porté sur la bonne distribution des richesses entre les individus. Mais il s’agit aussi d’organisation du monde commun.

Les théories de la justice se contentent de se demander quels sont les écarts acceptables entre individus quand nous devrions aussi nous interroger sur ce qui constitue un monde commun. Voilà pourquoi, dans ce livre, je propose de changer de point de vue, et de parler de société des égaux. C’est d’une forme sociale qu’il faut discuter, pas seulement d’une forme de distribution.

Comment est-on passé de la notion d’égalité à celle d’égalité des chances ?

L’égalité des chances est au cœur de la doctrine méritocratique. Et si elle présente une part de validité, elle ne saurait fonder seule une vision sociale. Pour instaurer une véritable égalité des chances, il faudrait d’ailleurs aller extrêmement loin. Une vision radicale de l’égalité des chances présupposerait une véritable désocialisation de l’individu, afin de le soustraire au poids du passé et de l’environnement. Pendant la Révolution française, certains avaient proposé en ce sens d’ériger des maisons de l’égalité dans lesquelles tous les enfants seraient élevés en commun jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de travailler ! Cette philosophie impliquerait aussi logiquement l’interdiction de tout héritage - c’était au XIXe la position des saint-simoniens, champions d’alors de l’égalité des chances. La conséquence logique est en retour de faire accepter toutes les inégalités produites par la suite. Ce qui explique la vision inégalitaire et hiérarchique du monde des saint-simoniens. On ne peut donc pas fonder une vision sociale progressiste sur cette théorie de l’égalité des chances. Elle peut nourrir des politiques sociales ponctuelles, mais ne peut pas être le pilier philosophique d’une vision de la société progressiste.

Cette société progressiste, vous la qualifiez de monde des égaux…

Parler de société des égaux, c’est montrer que l’égalité ne se résume pas à sa dimension arithmétique, même si, bien sûr, elle est essentielle. Il y a trois dimensions fondamentales dans l’égalité. C’est d’abord un rapport social, cela concerne les positions des individus les uns par rapport aux autres. Tocqueville parlait de société des semblables : tous les individus sont les mêmes (ce contre quoi les visions racistes chercheront toujours à revenir en arrière). Cette idée est fondamentale, mais aujourd’hui l’individualisme de la similarité n’est pas suffisant car chacun ne veut pas simplement être quelconque. L’individualisme de la similarité consistait à dire : au fond, si les hommes sont vraiment semblables, ils ne se distingueront plus. Or, aujourd’hui, chacun veut au contraire se distinguer des autres. Se singulariser. C’est pourquoi l’un des fondements d’une société des égaux, c’est la reconnaissance de la singularité, que chacun puisse être reconnu et protégé dans sa singularité. Mais il n’existe aujourd’hui que des formes dévoyées de cette singularité démocratique, exprimées sur un mode communautaire, ou participant à l’inverse d’une aversion aristocratique pour les masses. Faute de pouvoir être un véritable individu parce qu’on est méprisé dans la société, on va se réfugier au sein d’un groupe identitaire. L’égalité doit permettre d’être considéré pour soi et non pas assigné à un groupe en étant qualifié de Noir, de banlieusard, d’homosexuel… Une société des égaux doit faire de l’idée des constructions des singularités une sorte d’utopie positive.

Vous distinguez une deuxième dimension de l’égalité…

C’est l’égalité en tant que principe d’interaction entre les individus. Sur ce point, toute la science sociale a oscillé entre deux visions. D’un côté, l’idée du choix rationnel, de l’homo œconomicus, selon laquelle les individus sont gouvernés par leurs intérêts. De l’autre, des théories qui insistent sur la coopération, comme, par exemple, Kropotkine, le fondateur de l’anarchisme. Dans l’Entraide, son livre paru au début du XIXe siècle, il affirmait que la coopération était au fondement du comportement humain. Et l’on voit aujourd’hui de plus en plus de théories de l’altruisme ou de la bonté se développer. Certains déduisent par exemple de la façon dont se comportent les singes bonobos que les individus seraient naturellement altruistes et coopératifs. Je pense en fait que les individus ne sont ni simplement des calculateurs rationnels ni tout bonnement altruistes : ils sont réciproques. Parce que la réciprocité, c’est, comme l’égalité dans le suffrage universel, la règle qui peut mettre tout le monde d’accord. Or nous sommes aujourd’hui dans des sociétés en panne de réciprocité. Parce qu’il n’y a pas de visibilité. Quand on voit que les petites entreprises paient plus d’impôts que les grandes, que les charges fiscales ne sont pas équitablement réparties… Il ne s’agit pas de sociétés réciproques. Pourtant, la construction d’un monde réciproque est une chose fondamentale.

Troisième dimension de l’égalité ?

L’idée que l’égalité est construction d’un mode commun. C’est ce que j’appelle le principe de communalité. Déjà Sieyès expliquait au moment de la Révolution française que multiplier les fêtes publiques et les espaces publics, c’était produire de l’égalité. Parce que l’égalité, c’est un monde dans lequel chacun rencontre les autres. Ce n’est pas simplement un rapport individuel, mais un type de société. J’ai été frappé, comme beaucoup, de lire dans Hommage à la Catalogne les pages dans lesquelles George Orwell décrit ce qu’il ressentait alors dans la ville de Barcelone : un type de rapport social dans lequel personne ne cirait les bottes des autres, où il y avait une forme d’égalité dans l’échange, où l’on avait à faire des choses en commun.

Singularité, réciprocité et communalité, sont donc selon vous les trois facettes de l’égalité ?

Ces trois principes sont aussi pour moi les fondements d’une société des égaux. Ils peuvent servir de base à un projet social très largement accepté. Nous sommes à un moment où il nous faut impérativement réactualiser les révolutions démocratiques d’origine, qui ont été mises à mal par le développement du capitalisme, par les épreuves des grandes guerres mondiales, les affrontements idéologiques Est-Ouest… C’est urgent, car nous sommes en train de renouer avec les pathologies les plus terribles du lien social. Les formes d’inégalités croissantes, mais aussi la xénophobie, le nationalisme renaissant. Comme historien, je suis frappé de voir le discours des années 1890 revenir en force à travers les mouvements d’extrême droite et néopopulistes en Europe. Des journaux avaient pour titre «La défense du travail national» au milieu des années 1890 ; lorsque Barrès publie son premier livre pour les élections, en 1893, il le titre Contre les étrangers… Faute de penser l’égalité comme lien social démocratique, elle se dégrade dans ses pires falsifications, confondues avec l’homogénéité et l’identité.

La gauche a-t-elle, de ce point de vue, une responsabilité particulière ?

Aujourd’hui, la gauche a pour mission de ne pas se réduire à être celle qui corrige à la marge, ou même de façon plus importante, les inégalités de revenus. Elle ne doit pas se fixer simplement pour objectif d’agir au niveau européen pour l’adoption de régulations économiques et financières plus fortes. Elle doit viser à reconstruire la culture démocratique moderne. Voilà le véritable objectif du moment 2012.

Le Parti socialiste parle d’égalité «réelle», qu’en pensez-vous ?

Préciser égalité «réelle», c’est reconnaître qu’il y a effectivement quelque chose d’épuisé dans la langue de caoutchouc habituelle. Mais il ne suffit pas d’un épithète flatteur. Le vrai langage politique doit donner un sens à ce que vivent les gens, un sens imagé. Or le terme d’égalité réelle reste abstrait. Quand on regarde le document du Parti socialiste, on n’y voit pas de ligne directrice, mais un catalogue de mesures diverses, dont un certain nombre sont certainement très bonnes, des mesures fiscales, sur le rôle de l’école, etc. On peut éventuellement gagner les élections avec un catalogue - si l’on a en face un adversaire médiocre -, mais on ne change pas la société sans une philosophie sociale et politique. Et le but de la gauche doit bien être de changer la société. Et pas seulement, contrairement à ce que certains pourraient considérer comme un objectif suffisant, de nous débarrasser du régime actuel.

Recueilli par Sylvain Bourmeau

La République des idées et La Vie des idées : ces deux lieux désormais majeurs du monde intellectuel français ont été créés à l’initiative de Pierre Rosanvallon. La République des idées est une collection publiée par les éditions du Seuil qui propose de courts textes de chercheurs en sciences sociales s’adressant à un public assez large. Parmi ses grands succès, on peut noter l’Insécurité sociale, de Robert Castel, ou, plus récemment, le livre sur la réforme fiscale de Piketty, Landais et Saez. La Vie des idées est un site web qui propose quotidiennement des comptes rendus d’ouvrages académiques et de brefs essais d’universitaires.

Pierre Rosanvallon

Né en 1948, l’historien est professeur au Collège de France depuis 2001. Après avoir été l’un des conseillers de la CFDT autogestionnaire des années 70, il a créé la Fondation Saint-Simon avec François Furet en 1982, dissoute en 1999. Auteur notamment de la Crise de l’Etat-providence, du Nouvel Age des inégalités ou du Peuple introuvable, il a fondé toute une école intellectuelle.

«Il n’y a pas de politique de l’égalité qui ne doive commencer par une politique active de la ville visant à multiplier les espaces publics et à assurer davantage de mixité sociale.»

Pierre Rosanvallon dans la Société des égaux

«Vouloir l’égalité réelle contrarie les orientations défendues par les promoteurs de la libéralisation de l’économie européenne et du démantèlement des systèmes de protection sociale.»

Texte de la Convention du PS sur l’égalité réelle le 11 décembre 2010

«L’arrivée de la gauche au pouvoir en France devra permettre de modifier le rapport de force politique en Europe et posera les bases de nouvelles négociations avec nos partenaires.»

«Nous sommes dans des sociétés en panne de réciprocité» La gauche doit viser à reconstruire la culture démocratique moderne»

(1) Le triple A des agences de notation bidon…

Elles se veulent le thermomètre scientifique de l’économie. Les avis qu’elles émettent font la pluie et le beau temps auprès des investisseurs. Les très secrètes agences de notation ont des méthodes douteuses comme Fitch, Moody’s et Standard & Poor’s. Le tableau est accablant : recherches bâclées pour cause de sous-effectif chronique ; détermination des fameuses notes dans des réunions opaques, où le plus persuasif peut imposer ses vues ; modèle économique baroque, etc. Au mieux, l’ensemble du processus rappelle le fonctionnement d’un guide gastronomique, décernant ou retirant ses petites étoiles à des restaurateurs tétanisés. Au pire, le système capable de créer une panique boursière ou d’acculer un Etat à la faillite ressemble à une vaste conversation de comptoir. Prétendre que ces agences disent le vrai est donc une fable, voire une supercherie. Plus grave encore est de leur reconnaître une telle légitimité et de leur accorder autant d’influence. Pourtant, les Etats pensent aujourd’hui leurs politiques dans le seul but de complaire à ces professionnels du flou. Ici les retraites seront réformées ou les fonctionnaires non remplacés ; là des services publics seront privatisés ou des pans entiers de l’économie dérégulés. La question n’est plus de savoir comment autant de pouvoir a pu être concédé à autant d’amateurs. Mais bien d’imaginer les moyens politiques de ne plus marcher sur la tête. Les voyous parlent aux voyous.

APL

mercredi 17 août 2011

Débat sur la participation citoyenne...


DE LA DEMOCRATIE

Le mot “Démocratie” est synonyme de modèle politique insurpassable, applicable partout et par tous, un but à atteindre, une espérance pour certains. En dehors de l’étymologie, aucune définition précise n’est proposée : les choses vont de soi. Plutôt que d’en chercher une, il peut être tenté de discerner les traits communs aux diverses nations qui s’en revendiquent.

La morale est par essence transcendante par rapport à la législation. C’est pourtant cette dernière qui est devenu le référentiel absolu : le bien est le légal, le mal est un délit décrit dans les textes. Chacun s’accorde à penser que les décisions les plus importantes sont prises par une oligarchie financière pour qui l’intérêt général n’est qu’une réminiscence du passé. La régulation provient de l’équilibre des intérêts personnels : la concurrence. Il est aussi admis qu’il est impossible de rendre illégal les agissements des spéculateurs. On s’en accommode donc ; mieux, on les théorise pour en faire un mode de société. Les abus, unanimement regrettables, sont donc regrettés.

Les démocraties proposent constamment un couple consommation/productivité en constante augmentation. Ceci permet en théorie d’équilibrer les comptes ; pourtant cet équilibre n’est plus atteint depuis fort longtemps. Les mesures à mettre en œuvre sont trop coûteuses en popularité. Cette fuite en avant se fait au détriment des investissements à long terme pourtant susceptibles d’adapter les sociétés à un futur incontournable : le partage des richesses et des matières premières ainsi que leur utilisation raisonnée. Ceci est en partie obscurci par l’utilisation massive d’énergies fossiles qui remplace l’inventivité par une maîtrise des dominations.

Les démocraties remplacent leur secteur productif par une bureaucratie privée pléthorique. Au contraire des bureaucraties des régimes totalitaires, elle n’impose apparemment rien, elle se contente d’inciter. Toutefois, le contrôle des véhicules, le type d’éclairage, le nombre de polices d’assurance...sont très sérieusement encadrés. Les incitations ne font pas appel, la plupart du temps, à l’analyse ou à la raison, notions également devenues obsolètes, elles reposent plus prosaïquement sur le sexe et l’argent. La recherche des jouissances immédiates est au cœur des motivations.

L’émancipation des femmes représente un axe non discutable de toute proposition intellectuelle. Les responsables féminins n’étant ni pires ni meilleures que leurs collègues masculins, ceci a eu pour principal effet d’instituer un conformisme confortant le système. Rien de révolutionnaire, ni même de nouveau n’a été rendu possible.

La lutte contre le terrorisme étend chaque jour son domaine d’application. Originellement il s’agissait de mettre hors d’état de nuire de sanglants meurtriers. Petit à petit, les comportements déviants sont ciblés jusqu’à instituer un quasi-terrorisme vestimentaire. L’ennemi est circonscrit, il permet d’agiter les masses dans une direction qui les détourne de la réflexion quotidienne. Les dieux conventionnels, trop contraignants quant au bien être, sont devenus marginaux. D’autres, des sportifs, des chanteurs, des acteurs, ont pris leur place. Des hebdomadaires recueillent leur pensée qui sert de viatique aux autres. L’homme politique représente plus qu’il ne dirige la démocratie. Il « incarne » le pouvoir à l’occasion de votations fortement médiatisées. Cette incarnation du politique connaît ainsi une certaine ferveur avant les élections ; elle s’estompe très souvent dès que les gens touchent du doigt le personnage qu’elle recouvre. Les fonctions mêmes suprêmes ne permettent que peu l’inflexion du cours des choses et jamais leur changement. L’immédiateté ne permet pas la prise d’élan nécessaire aux actes fondateurs. Une Démocratie débarrassée de ces manipulations de l’affect est-elle possible ?

Jacques-Robert Simon

mercredi 10 août 2011

Eurre 26400 : le Village des possibles....écohabitat 26 (J-23)


Le « Village des Possibles » du 3 au 21 septembre 2011 à Eurre (Drôme)

Un chaleureux bonjour à tou(te)s,

Le Village des Possibles ne sera pas synonyme d’impossible !

Le collectif s’est affilié à l’association « Les Toits Filants », pour pouvoir organiser cet évènement et être assuré par la MAIF.

Il ne nous reste plus qu’un petit mois pour rassembler les dernières fiches d’inscriptions (merci de prendre le temps de nous les envoyer) et éditer notre fabuleux programme !

Une dernière lecture, attentive donc, de notre avancée et de nos recherches.

Un grand merci d’avance, pour que ce Village existe… dans le partage, la création, la transmission et la sensibilisation à des modes de vie respectueux de soi, des autres et de l’environnement !

Vous êtes invité(e)s à la prochaine réunion (repas partagé), lundi 22 août à 19h au Cabaret des Ramières à Eurre, Drôme. Et pour fêter ensemble la concrétisation du projet : deuxième soirée de soutien le mercredi 24 août à 17h : repas, musique et jeux ! Participation libre.

Accueil des bénévoles les 1 et 2 septembre! Rencontre, repas partagés, mise en place des parkings et du plan du Village, installation des premières structures.

Recherches générales et urgentes :

- Un référent pour le pôle Agriculture / Nature

- Un référent pour le pôle Décisions publiques (législatif et politique)

- Un suppléant pour le pôle Santé (pour septembre)

- Un suppléant pour le pôle Logistique (pour septembre)

- Un référent pour la buvette (sans alcool)

- planches, bois, palettes, mâts (bois, métal)

- tissus, toiles, bâches

- câble électrique en 1,5 mm

- lampes à LED 12V

- batterie décharge lente

- panneaux solaires

- régulateur de charge 12V

- interrupteurs

- raccords de répartition pour tuyaux flexibles

- quartz 500W (spots chantier)

Pôle ALIMENTATION

Référente : Mylène - mynainmygeante@hotmail.fr ou 06.79.85.14.46

Proposer une alimentation partagée à prix libre. Organisation d’ateliers agro-écologiques ou autre.

Projets en cours

- mise en contact avec agriculteurs dans les environs d’Eurre

- partenariat avec Biocoop, Epicerie nouvelle et Etincelle pour tout ce qui est céréales, légumineuses, sucre, épices....

- mise en contact avec le pain de Beaufort

- trouver des boulangers qui viendraient nous faire du pain sur place autour d’atelier notamment

- trouver une association avec four à pain nomade

(- une fois que j'aurai assez de contact pour la bouffe de base je m'occuperai des ateliers)

- mise en place d'une réunion alimentation

Besoin d'aide sur tous les projets en cours... ou presque...

Pôle SANTE

Référent : Simon - tsaionara@hotmail.com ou 06.26.39.24.18

Mise en place d’un espace de soin avec consultations et ateliers autour de la santé.

Nous recherchons :

- 1 yourte de soins

- 1 espace premiers soins avec une pharmacie de premiers secours

- un lit/brancard

- des intervenants (thérapies ou pratiques de santé) pendant la durée du village

- des conseillers pour animer des ateliers de plantes sauvages comestibles, plantes médicinales, naturopathie …

Pôle ORGANISATION / LOGISTIQUE

Référent : Christophe - el_libanais@hotmail.fr ou 06.73.31.17.69

Organisation et mise en place de l'espace du village et de ses commodités (eau potable, douches, électricité, déchets, toilettes, parking, ...)

Nous recherchons :

- 1 structure pour le pole santé
- 1 structure pour stocker du matériel (type marabout, assez grande si possible), outils...
- 1 structure ou 2 pour l'accueil
- en gros encore 5 structures (surtout roulottes et tente berbères, ça serai cool, et on sera pas mal)
- des bottes de pailles pour éco-construction, pour le compostage des toilettes sèches

Pôle énergie / électricité

Référent : Freddy - f.mantelli@laposte.net

L’espace Energie produira de l’électricité en 12V, grâce à des batteries rechargées par des vélo-dynamos, des panneaux photovoltaïques et, éventuellement, du petit éolien. Elle sera destinée à l’éclairage d’une partie du site la nuit (espace Energie, cuisine, agora, buvette, toilettes).

Nous recherchons :

- Batterie rechargeable 12V (style véhicule ou autre)

- Fusibles et porte fusible 12V

- Petit moteur de jouet (pour fabriquer petite éolienne)

Projet en cours : Réalisation de vélos dynamo avec pascal

Pôle ECO-CONSTRUCTION

Référent : David - 06.76.06.64.75 ou david@jopida.net

Construction du village (1er weekend) et animations autour de l'éco-construction.

Nous recherchons :

- Des entreprises ou particuliers pour organiser des ateliers participatifs, prêter du matériel, ...

- Matériel pour construction d'une éolienne, de toilettes sèches, de panneaux solaires, …

- Bottes de paille, bois de palette, tissus, bâches...

Pôle ART / EDUCATION / CULTURE

Référente : Evelyne - accordmajeur26@gmail.com ou 06.03.60.80.87

Organisation des festivités et des rencontres artistiques. Prévision du mercredi 21 septembre (Journée de la Paix) qui clôturera le village avec des enfants de différentes écoles.

Besoin d'aide pour la commission art et culture, c'est à dire d'autres idées que celles que j'ai déjà

Prévisions :

- un barde Richard Morin et Cie,

- un conteur Fabrice Oromi

- une musicienne chanteuse Sylvie Portier

- un peintre et son atelier, Guy Fournier

- Caropa avec sa caravane d’animations pour enfants

- ateliers art et paix avec Accord Majeur

- une artiste land art Myriam du manoir,

- jeux coopératifs asso Coop'aire avec Maryline Woolf, Ammarange et Archijeux

- projections

Journée de la Paix : Jeux coopératifs, fabrication de cerf volant, ateliers éducation à la paix, à 16h en présence d'Isabelle film de l'école des Amanins, ...

Pôle DECISION PUBLIQUE (législation et politique)

Référente : Mélina SENDRA Recherche et création de panneaux sur le système et le fonctionnement politique. Création de la charte.

Conseil Local de Développement du Pays DIOIS : Droit, Plan Local Urbanisme, POS, PLH, Habitat léger…

Nadia FARAJALLAH Réflexion législative.

Claude VEYRET : Usage du foncier. Squat et légalité. LOPPSI 2.

Ouvrir une réflexion sur le monde politique et ses implications dans nos vies.

Réunir les points de vue autour de tables rondes et de débats participatifs.

Recherche et création de panneaux sur le système et le fonctionnement politique.

Témoignages écrits et photos sur des modes de vies alternatifs.

Entre autre : réflexion législative, usage du foncier, squat et légalité, LOPPSI 2, bassin de phyto-épuration ...

Projets en cours :

- une agora bavarde

- des expositions

- un café philo

- un espace témoignage où seront exposés des panneaux explicatifs

Nous recherchons :

Des intervenants qui ont envie d'échanger autour de sujets politiques actuels :

- 1 ethno-sociologue

- 1 juriste

- 1 maire ou 1 député

- 1 architecte

- des associations et des personnes engagées politiquement et socialement pour venir nous transmettre leurs expériences.

Pôle COMMUNICATION

Référente : Noémie - villagedespossiblesdrome@laposte.net

Affichage alternatif, bouche à oreilles, contact et communication sur le projet (collectif du village, presse, élus, ...)

Nous recherchons :

- Quelqu'un pour donner un coup de main à la réalisation du portique d’entrée et des panneaux bois (signalétique), gravure, découpe, installation

- Peintures et encres naturelles, papier ou carton recyclés, panneaux, …

- Personnes intéressées pour communiquer le projet sous différentes formes

- Impression programmes (1 couleur) en Imprim'Vert ou en typographie

Projets en cours :

- installation d’un espace Paul Embauche

- traçage d'un chemin pour fauteuils roulants et poussettes (ATU et la Colombine)

- "check point portables" un ou 2 jours (Electrosensibles d'Eurre)

- labyrinthe en bambous et tissus pour les enfants (réalisation sur place)

- affiches et flyers (avec Céline)

- gestion boîte mail et classeur des fiches d'inscriptions

- plan du village, vitrines de L'arrêt public

Pôle PATROUILLE DES CLOWNS, Conseil des sages

Référente : Mélina - melinasendra.m@gmail.com ou 06.22.99.16.24

Responsable de sécurité : David - 06.76.06.64.75 ou david@jopida.net

Créer un groupe d'hommes et de femmes, adultes et enfants, qui vadrouillent dans le village avec humour et sagesse, afin de faire respecter la charte et le règlement du village.

Pour ainsi faciliter les relations entre les participants de l'événement.

Pour une cohésion solidaire entre tous les villageois, même les chiens !

Nous recherchons :

- des clowns et des costumes !

- des personnes ayant un brevet de secouriste pour enrichir notre patrouille de clowns.

Pôle AGRICULTURE / NATURE

Projets possibles :

- Espace potager (plantes en pots ou transportables, échange de plants et de graines)

- Echange de pratiques et savoirs liés à la culture de la terre (grelinette, …)

- Mise en place d’ateliers, conférences ou spectacles sur le respect de la nature

Pôle COMPTABILITE

Référents : Christophe et Mylène

Création d’une caisse commune pour tout achat de matériels, nourriture et autre. Don possible au collectif : 10 euros.

Pièces jointes :

Programme provisoire

Plan du Village

Présentation du projet

Charte et règlement

Fiche d’inscription (à remplir et à renvoyer)

« Le collectif du Village des Possibles »

Prochaine réunion au Cabaret des Ramières à Eurre

Lundi 22 aoutà 19h

Pour plus d’informations, pour consulter la Présentation du Projet

ou pour obtenir un formulaire d’inscription,

Le collectif du Village des Possibles !

Noémie - villagedespossiblesdrome@laposte.net

Les ramières 26400 Eurre
Chez Jean Tissot
Tel : 04 75 25 01 78 - 06 47 52 58 67

mardi 2 août 2011

Exemplarité d' une Communauté de Communes...

Les Energéthiques du Mené

Territoire 100% Énergies Renouvelables

Lettre d'information n°23

juillet 2011

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Énergitorial

Crises ! euphorie ! incertitude... remède : le travail dans la durée, sur le terrain. Il s'établit depuis quelques mois un climat d'incertitude, sur fond de crises et d'euphories successives qui contribuent à semer le trouble dans les têtes. Depuis un an : la marée noire du golfe du Mexique a mis en évidence les risques considérables des modes d'exploitation pétrolière dits "non conventionnels", mais depuis, l'OPEP a revu ses évaluations de réserves "prouvées" en hausse de 12% (+ 100 milliards de barils, soit trois ans et demi de consommation), avec toutefois des coûts d'extraction également en forte hausse (on atteint maintenant les 40 $ par baril, sur les nouveaux gisements.) Nous avons également connu le boom des gaz de schiste, provoquant une baisse de 30% du prix du gaz sur les marchés mondiaux, mais ceci est très fortement remis en question à cause des dégâts environnementaux considérables, à tel point que l'on craint aujourd'hui l'éclatement d'une "bulle spéculative gazière" qui entraînerait à la fois l'effondrement de certaines sociétés et le renchérissement du prix du gaz. Enfin, il y a eu Fukushima, origine d' un véritable séisme dans les stratégies énergétiques, après une forte prise de conscience du risque, mais avec des options parfois discutables, comme le retour possible au charbon en Allemagne, et l'entêtement français, malgré la hausse inquiétante des coûts et l'allongement des délais (annonce récente d'un retard de 2 ans supplémentaires et d'une augmentation de 1 Md Euro pour l'EPR de Flamanville). Et, en France notamment, la valse-hésitation autour des énergies propres et renouvelables : photovoltaïque, éolien, biomasse, et séquestration du CO2 dont les projets sont abandonnés les uns après les autres.

Tout ceci passera ; les ressources fossiles s'épuiseront, dix ans plus tard, dix ans plus tôt ; à force de tirer sur tous les risques, la probabilité du "big one", le grand accident "près de chez nous", nucléaire, pétrolier ou climatique augmente, soyons en sûrs. Alors, plus que jamais, l'urgence, parce que "cela ne se fera pas du jour au lendemain", reste la prise en main de nos destinées énergétiques, maîtrise des productions et des consommations, d'abord avec nos moyens et ressources locaux qui représenteront, demain ou après-demain, l'essentiel de la capacité de nos territoires à assurer une vie durable.

Bon plein énergies !

Sommaire

1.

Les énergies du Mené
2. Les grands projets du Mené
3. Le monde de l'énergie
4. Chronique de la transition heureuse
5. Et moi, ce soir, demain, l'an prochain, dans cinq ans ?

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> 1) Les énergies du Mené

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> PACT Côtes d'Armor

> Habitat & Développement

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Un Programme d'Intérêt Général pour la rénovation thermique de l'habitat. La Communauté de Communes du Mené vient d'engager une première démarche pour aider les habitants à réduire la consommation énergétique de leurs habitations. Elle s'inscrit dans le cadre des dispositifs proposés par l'ANAH (agence nationale pour l'amélioration de l'habitat) et le PACT des Côtes d'Armor.

Ce programme va porter sur 20 logements; il comprend un diagnostic / préconisation, la mobilisation des aides accessibles et le suivi des résultats après travaux.

C'est un premier pas dans un domaine clé pour notre objectif territorial d'autosuffisance énergétique. Nous travaillons activement à d'autres approches dont nous parlerons le moment venu. Il faudra arriver à un rythme annuel de 200 logements réhabilités, pour aboutir en 2030.

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> Les projets du Mené reprennent leur cours. Après la parenthèse de nos rencontres, qui ont lourdement pesé sur la charge de travail du premier semestre, nous avons remis sur le métier tous les projets qui étaient encore dans des phases préliminaires, sachant que les projets avancés (les réseaux de chaleur de Saint Jacut et de Plessala, le parc éolien "Landes du Mené") ont bien entendu poursuivi leur développement.

> Parmi les projets vivement repris, figurent notamment :

  • les réseaux de chaleur de Collinée et de Langourla
  • la plateforme bois énergie communautaire
  • le parc éolien de Langourla / Rouillac
  • un parc photovoltaïque au sol, qui va s'inscrire dans les dispositifs nouvellement annoncés par la ministre

> et les projets du pôle d'excellence rurale, dont il est souvent question dans ces pages (implantation de taillis à courte rotation, construction de logements sans consommation de combustible de chauffage, effacement des consommations électriques).

> Nous avons donc bien du pain sur la planche, et, effectivement, la construction de l'autosuffisance énergétique ne se fait pas du jour au lendemain ni sans déploiement de beaucoup d'efforts pour mettre en place des projets et les mener à bien !

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> 2 ) Les grands projets du Mené

Une maison solaire

> Des logements chauffés sans achat de combustible . Nous entrons maintenant dans le vif de ce projet inscrit dans notre Pôle d'Excellence Rurale. Nous en avons déjà parlé et nous en reparlerons au fur et à mesure du développement du projet. Dans un premier temps, huit à dix logements vont être construits sur Collinée, Le Gouray et Langourla, avec les caractéristiques suivantes :

  • une construction maçonnée, s'inscrivant, avec des matériaux nouveaux, dans la tradition constructive de notre région. Cette tradition, d'une part, fait partie des paysages de chez nous, et, d'autre part, elle s'est établie au cours du temps en fonction des conditions environnementales et climatiques : c'est pour cela qu'il nous semble important de nous en inspirer;
  • une isolation thermique et aéraulique performante mais pas exceptionnelle : sensiblement le niveau BBC
  • L'apport de chaleur par un système de chauffage solaire à accumulation saisonnière. Il est constitué d'un capteur de grande surface placé en toiture, orienté plein sud, bien sûr et d'un gros réservoir d'eau, positionné verticalement. La chaleur produite par le capteur en toute saison, mais plus en été, est stockée dans l'eau du réservoir. Le système de pilotage va, selon les besoins, utiliser l'eau chaude à différentes températures du bas en haut, pour alimenter les radiateurs basse température. Tout ceci (capteur, réservoir) est dimensionné en fonction des données météorologiques (température, ensoleillement) du lieu d'installation.

> Ces logements seront construits groupés, pour limiter la consommation de surface, réduire les déperditions et permettre la mise en commun d'équipements, notamment le stockage d'eau chaude. Si ces dispositifs sont encore quasiment absents de France, ils se multiplient dans les pays germaniques, offrant une solution très attractive, malgré un investissement initial plus important.

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> 3 ) Le monde de l'énergie

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> Aujourd'hui... demain ?

Le véhicule électrique et le transport de demain : réactions de lecteurs. Comme nous l'avions sollicité, quelques lecteurs nous ont envoyé des commentaires sur notre article du mois dernier. Ils portent essentiellement sur les véhicules et montrent que les avis sont aujourd'hui très partagés sur l'avenir des différentes solutions à moyen et long termes. Nous restons après cela sur notre position exposée dans le numéro précédent : La transition des véhicules à moteurs à combustion interne vers les véhicules électriques se ferait très progressivement et ne sera jamais totale, compte tenu des puissances mobiles requises dans certaines utilisations. Elle devra s'accompagner d'une forte restructuration de nos démarches de transport, tenant compte des spécificités des véhicules électriques, notamment leur faible autonomie. Enfin, ils ne faut pas minimiser les risques présentés par les batteries d'accumulateurs, notamment les plus performantes (celles dont le rapport capacité / poids-volume est le plus favorable) : toutes contiennent des produits chimiques plus ou moins corrosifs, dangereux ou toxiques, qui peuvent se libérer en cas de fracture de l'enveloppe (par choc accidentel, par exemple), et les plus performantes peuvent donner lieu à des emballements thermiques explosifs, déjà largement observés sur des batteries d'appareils portables, et qui seraient appelés à se multiplier sur des dispositifs beaucoup plus importants en taille et nombre de cellules.

Nous invitons nos lecteurs à se reporter à la très intéressantes présentation de Bernard Multon, professeur-chercheur à l'ENS Cachan, antenne de Bruz (http://www.educeco.com/wp-content/uploads/2010/02/EducEco_2fev10-BMulton1.pdf), qui donne une approche originale, et à une étude de l'INERIS (Institut National de l'Environnement Industriel et des Risques) sur la maîtrise des risques spécifiques de la filière véhicules électriques (http://www.ineris.fr/centredoc/ve-analyse-apr-couv-ineris.pdf).

Il est à noter enfin que la perspective de véhicules électriques à pile à combustible reste très floue et éloignée, notamment à cause des coûts.

Madame la ministre... dans le parc de son ministère (le Figaro)

> Relance du photovoltaïque en France ? Madame Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, vient de dévoiler "le nouveau dispositif visant à favoriser l'innovation et le made in France", pour les installations d'une puissance supérieure à 100 kWc. Nous nous abstiendrons de commentaires pour nous en tenir aux éléments concrets, encore bien ténus.

> Nous notons d'abord une ambiguïté sur la limite inférieure des installations considérées : les articles mentionnent à la fois une surface, 1000 m², et une puissance, 100 kWc, ce qui peut être fort différent.

> Il y a ensuite deux plages, l'une entre 1000 m² et 2500 m², qui va faire l'objet d'un appel d'offres en principe ouvert à partir du 1er août, avec un cahier des charges "simplifié", pour un total de 120 MWc : les moins disant seront retenus. Cet appel d'offres sera répété trimestriellement à six reprises, pour 30 MWc chaque fois.

> Au dessus, cela se complique :il y aura un appel d'offres répartis en six lots, pour un total de 450 MWc, avec des critères d'attribution multiples et diversifiés où le prix offert n'entre que pour 40% :

  • 50 MWc pour des toitures de plus de 2500 m²;
  • 37,5 MWc pour des centrales solaires thermodynamiques (vraisemblablement à génération de vapeur et turboalternateurs);
  • 50 MWc pour des centrales solaires à concentration ??? s'agit-il de concentration thermique, comme semblent l'indiquer les articles ?
  • 100 MWc pour des centrales "avec technique de suivi de la course du soleil", ce qu l'on appelle tracking ou tracker dans le jargon
  • des centrales avec stockage d'énergie dans les régions non interconnectées
  • 125 MWc pour de grandes centrales au sol
  • 37,5 MWc pour de petites centrales d'une puissance unitaire inférieure à 4,5 MWc

> On notera, sans vouloir y voir à mal, que :

  • comme les trois mousquetaires, les six lots sont sept, et que le montant chiffré donné ne s'élève qu'à 400 MWc; d'où nous nous autorisons à inférer que le lot n°5 est ouvert pour 50 MWc,
  • au moins deux lots ne portent pas sur du photovoltaïque (les 2ème et 3ème, pour 87,5 MWc).

> Il n'y a pas encore de dates pour cet appel d'offres, et les professionnels, échaudés par la mise en place du moratoire de décembre 2010, ont manifesté un certain scepticisme...

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> 4) Chronique de la transition heureuse

Montdidier sur sa butte

La statue de Parmentier

L'hôtel de ville en 1918

Une tradition éolienne

bien remise à l'honneur : 4 éoliennes pour 8 MW

Une chaufferie bois de 1,6 MW

Des investissements de la collectivité communale à travers la régie et son équipe de 9 personnes

> Montdidier : une pépite picarde. Nous les avons découverts à l'occasion de nos rencontres "énergies et territoires ruraux" du mois de juin, qu'ils ont honorées de leur présence. Ça commence par un truc à l'image un peu désuète, une régie municipale d'électricité, ces organismes que les gouvernements successifs de notre pays ont tout fait, depuis la guerre, pour éliminer et assujettir à l'EDF et au centralisme,

> Alors qu'il y en a eu plusieurs milliers entre les deux guerres, pour mener à bien l'électrification du territoire; il n'en reste plus que quelques dizaines, dont deux importantes, à Grenoble et à Strasbourg.. et celle de Montdidier, fondée en 1925 pour la distribution d'électricité, qui assure l'alimentation électrique des 3000 abonnés de cette petite ville de 6500 habitants. Située dans la Somme, à mi chemin d'Amiens et de Compiègne, sur une butte dominant le plateau picard, Montdidier a une longue histoire, avec des épisodes et des enfants glorieux, comme Parmentier, "l'inventeur" de la pomme de terre qui reste une des cultures de base de la région, mais marquée aussi par les nombreux conflits qui l'ont écrasée, notamment la guerre de 1870, et surtout celle de 1914 qui la laissa entièrement détruite.

> Mais les Montdidiérains en ont gardé une personnalité affirmée et bien du courage qui leur ont permis de traverser les siècles... et de conserver leur régie communale. Au début des années 2000, alors que s'amorçaient les processus d'ouverture des marchés de l'électricité, la régie (avec les élus de la commune) s'est posé la question de son avenir en tant que distributeur d'électricité (plutôt sombre) et de service public. Elle s'est lancée dans un élargissement de sa mission d'origine, pour apporter à ses ressortissants, habitants de Montdidier, une large palette de services et de produits dans le domaine de l'énergie en général, progressivement apparu comme enjeu majeur pour les temps à venir :

  • 2003 : étude de potentiel Maîtrise de l'énergie (MDE) et lancement du projet éolien

  • 2004 : dimensionnement d’un programme « théorique » et quantification du gisement et des impacts de ce programme. Décision de lancement de l’opération « Ville Pilote ».

  • 2006 : lancement d’un CEIR (conseil en énergie intercommunal rural) et d’une OPAH (opération programmée d’amélioration de l’habitat) sur le territoire de la communauté de communes. Mise en place d’un Espace Info Energie.

  • 2006 : Lancement de l’étude pour la construction d’un réseau de chaleur bois.

  • 2007 : Lancement des appels d’offres pour la construction du réseau et son exploitation.

  • 2008 : obtention du permis de construire pour 4 éoliennes ; mise en chantier du réseau de chaleur ; mise en chantier de la toiture photovoltaïque du Prieuré ; vote d’un budget municipal pour la réhabilitation thermique de toutes les écoles de la Ville ; mise en service du réseau de chaleur alimenté par une chaufferie bois coiffée d’une centrale photovoltaïque.

  • 2009 : lancement des appels d’offres pour la réhabilitation thermique des écoles et pour la construction du parc éolien, début des travaux de réhabilitation thermique de l’école du Prieuré.

  • 2010 : Mise en service du parc éolien, début des travaux de réhabilitation thermique de l’école Victor Hugo, lancement de l’étude pour la création d’une centrale de méthanisation, lancement de la réflexion autour du logement à énergie positive (Labo), définition d’une base de travail pour la création d’un éco-quartier. [d'après fiche RES-League]

L'ensemble de ce programme devrait conduire Montdidier à assurer plus de la moitié de son approvisionnement électrique et plus du tiers de ses besoins de chauffage, comme on pourra le voir en détail sur la présentation faite lors des rencontres (http://ccmene.alkante.com/upload/gedit/16/file/atelier 5/6-Montdidier.pdf). Ce qui est bien pour un territoire urbain agissant sur son seul périmètre, avec une densité de population de près de 500 habitants au km².

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> 5) Et moi, ce soir, demain, l'an prochain, dans cinq ans ? agir au niveau individuel

Un exercice utile : planifier son avenir énergétique ! Nous sommes dans une période d'évolution forte des paramètres économiques de notre consommation énergétique. En 2020, le fuel domestique coûtera 2 € TTC/l au particulier sans détaxe; le gas-oil, 2,40 € TTC/l et le kWh sera à un coût moyen de 0,19 € TTC, variant selon les heures entre 0,10 et 0,25. Qu'en sera-t-il alors de votre facture énergétique directe, chauffage, déplacements et électricité ? C'est une question à laquelle vous pouvez ainsi très facilement répondre si vous ne changez rien à votre mode de vie. Quelle dépense supplémentaire cela représente-t-il chaque année? Sans doute quelques milliers d'Euros. C'est le maximum dont vous disposez pour financer les adaptations qui vous permettront demain de garder ces dépenses dans des limites supportables : à vous de jouer ; par quoi commencer ?

Toute référence ou précision relative aux articles ci-dessus pourra vous être

communiquée sur demande à la rédaction.

Rédaction: Marc Théry

Communauté de Communes du Mené

La Croix Jeanne Even - 22330 Collinée

02 96 31 47 11 / Fax : 02 96 31 47 27

energies@mene.fr

http://energies.ccmene.fr/accueil_menerpole