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samedi 19 février 2011

Réussite du CLD-Diois : 400 personnes sur le confiscation de la Démocratie à Die

« L'oligarchie, ça suffit ! »

400 Personnes sont venues écouter Hervé Kempf à 16h30 ce samedi 29 janvier 2011 lors des Rencontres de l’ Ecologie de Die.

Les pays occidentaux sont entrés dans un régime oligarchique qui maintient une économie destructrice de l'environnement. Pour répondre à l’enjeu écologique, principal défi du siècle, il nous faut revenir en démocratie.

- Hervé Kempf, auteur et Didier Jouve, élus Régional Rhône-Alpes

Résonance locale : Florence Alicot-Conseil Local de Développement de la Vallée de la Drôme, Claude Veyret-Conseil Local de Développement du Diois

« Même si les formes extérieures de la démocratie représentative sont toujours là, de très nombreux faits attestent que l’esprit de la démocratie est fortement altéré »

Selon Hervé Kempf, auteur de l’ouvrage intitulé L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie, un certains nombre de symptômes concernant la structuration des pouvoirs politiques, médiatiques et financiers attesteraient, en France, d’un changement de régime politique.

« Cela veut dire qu’à mon sens, nous sommes dans un état de dégénérescence de la démocratie qui nous fait entrer - à moins que nous y soyons déjà pleinement entréEs – dans le régime oligarchique ».

Il s’agit, pour Hervé Kempf, de donner les moyens de penser « une critique forte » et argumentée, du fait qu’un cercle restreint de puissants discuteraient, en conclave, de décisions qu’ils imposeraient par la suite à l’ensemble des citoyens, comme par exemple dans le cas du Traité de Lisbonne imposé aux européens. Une critique d’autant plus nécessaire qu’une telle dégradation de l’égalité des droits politiques (isonomia), de l’égalité par la naissance (isogonia) de l’égalité de pouvoir (isokratia), véritables privilèges des citoyens détournés par les oligarques, ne permet pas d’envisager la mise en œuvre de politiques structurelles pour faire face à la l’urgence sociale et écologique actuelle.

Auteur de Comment les riches détruisent la planète et Pour sauver la planète, sortez du capitalisme (Paris, Seuil), Hervé Kempf est journaliste écrivain. Il est publié dans le quotidien français Le Monde sur les questions environnementales.

Cette intervention a été enregistrée par Passerellesud le samedi 18 Décembre 2010 à Paris à l’occasion de la rencontre organisée par la revue d’étude théorique et politique de la décroissance Entropia pour la parution du N°9 intitulé Contre-pouvoirs & décroissance.

Points abordés

- Diktats des marchés financiers sur les Etats
- Hybridation entre les dirigeants politiques et économiques
- Corruption
- Privatisation des biens publics et des fonctions régaliennes de l’Etat
- Contrôle des médias par les pouvoirs politiques et économiques
- Détournement de la démocratie représentative (référendum de 2005)
- Monarchie, dictature, démocratie, oligarchie
- Crise écologique et réduction des inégalités

- Débat avec le public (extrait)

« Nous avons passé l’apogée du capitalisme en tant que période historique (…) l’évolution du régime oligarchique actuel est d’aller vers un capitalisme de plus en plus autoritaire. (…) Ils ne lâcheront rien, ils ne comprennent rien, ce sont des dinosaures et jusqu’au dernier moment ils brouteront la pâture de l’exploitation et de la plus-value sans voir les météorites qui arrivent. (…) La régression des libertés publiques n’est pas un choix populaire. (…) Qu’on le veuille ou non, nous sommes bien dans une logique de confrontation. »

Il n'est pas qu'un analyste de plus, heureusement tombé juste quand tous se trompaient. Non, Hervé Kempf étudie notre planète depuis plus de

20 ans. Ambassadeur du sursaut citoyen, éclaireur des temps modernes, ce vulgarisateur hors pair revient en force avec L'oligarchie ça suffit, vive la démocratie !, un livre coup de poing et documenté.

Nous sommes entrés dans un système oligarchique qui n'a d'autre ressort que l'avidité, d'autre idéal que le conservatisme, d'autre rêve que la technologie.

En bref

La spéculation financière a engendré un épuisement des ressources naturelles.

Le monde est aujourd'hui dirigé par une minorité qui déguise la démocratie via les médias.

En quoi la finance est-elle liée à la crise écologique ?

Le développement extraordinaire de la spéculation financière depuis une trentaine d'années s'est traduit par une destruction massive de l'environnement et un creusement considérable des inégalités. Le résultat est qu'aujourd'hui une minorité gaspille les ressources aux dépens de l'intérêt général et projette un modèle de surconsommation qui imprègne toute notre culture. Le confort dans lequel nous vivons en Occident exerce une pression énorme sur l’environnement, et se présente comme un modèle insoutenable pour le reste du monde.

La spéculation financière est donc responsable de la détérioration de l'environnement ?

Directement et indirectement, oui. Il faut rappeler aussi que les puissances d'argent ont acquis une énorme influence sur le système politique et déterminent les règles du système économique et beaucoup de lois. La délibération démocratique, telle que tous ont voix égale au débat, est très largement limitée par des médias qui sont contrôlés par ces grandes puissances capitalistes.

Nous ne sommes plus en démocratie ?

La démocratie est extrêmement affaiblie, au point que l’on peut penser que l’on est entré dans un régime oligarchique, cette forme politique conçue par les Grecs antiques et qu'ont oubliée les politologues : la domination d'une petite classe de puissants qui discutent entre pairs et imposent ensuite leurs décisions à l'ensemble des citoyens.

Cette évolution est-elle réversible ?

J’espère que oui, mais cela suppose une transformation profonde du système de pouvoir, mais aussi de la réflexion politique. Pour commencer, il faut prendre conscience de la situation, ce qui est le premier pas vers le changement. De même qu’une large part de la population a pris conscience, depuis une dizaine d’années, de la gravité de la crise écologique, et, depuis quelques années, de la montée rapide des inégalités. De même il nous faut comprendre que le régime politique est en train de changer et prendre conscience du fait que la démocratie n'est pas acquise ad aeternam. Cette découverte implique aussi de reconnaître la culture matérielle dans laquelle le capitalisme nous a enfermés : l'oligarchie s'est développée en associant le prestige et la valeur humaine à l’argent et à l’accumulation d’objets. Conditionnés notamment par la publicité, les individus se retrouvent en proie à une rivalité ostentatoire qui pousse à la surconsommation et à la compétition : celui qui a le plus d'argent est le mieux considéré, quelle que soit la façon dont il a acquis cette fortune.

De ce point de vue, le contrôle des médias et de la publicité est un pilier du système oligarchique, non seulement pour contrôler le débat politique, mais aussi pour définir le système de valeurs de l’époque.

Comment renverser la situation à l'heure où l'iPhone, par exemple, se vend par millions ?

Il ne sert à rien de se mettre la tête dans le sable : rester passifs – ou prisonniers de la culture de la consommation matérielle – aggravera la situation, parce que la crise écologique existe et empire en ce moment même.

Les trois dernières générations, nos parents, nous, nos enfants, nous vivons ce moment historique où l'humanité rencontre les limites de la planète. Depuis les origines, l'aventure humaine s'est développée dans une nature dont les ressources semblaient incommensurables.

Aujourd'hui, la biosphère est limitée et il faut absolument changer notre comportement pour enrayer sa dégradation. Si l’on manque cette transition vers le nouveau monde, vers une société écologique et équitable, on risque d'aller vers le chaos, c'est-à-dire vers des épidémies, un changement climatique incontrôlable, des querelles terribles pour l’accès aux ressources. Et si nous ne parvenons pas à revenir à des formes démocratiques de choix collectif, l’oligarchie poursuivra sa tendance vers un régime de plus en plus autoritaire. À nous de savoir vers où nous voulons aller : le nouveau monde ou l'asservissement.

La crise écologique est un signal d'alarme qui doit nous conduire à un consensus mondial ?

L'écologie place l'humanité devant un problème commun : la limitation des ressources et de la capacité de la biosphère à absorber l’impact de l’activité humaine. Cela peut la fédérer et la pousser à s’unir, parce qu'il n'y a pas d'autre solution au problème qu'une réponse solidaire. Il nous faut aussi imaginer une démocratie qui ne soit plus à l’échelle de quelques pays privilégiés, mais de l’ensemble de la planète : c’est un magnifique défi.

Quelles pistes d'action privilégiez-vous ?

Une formule guide : « M oins de biens, plus de liens ». Et une idée : « Les solutions pratiques existent déjà ». Partout se créent des coopératives, des banques du temps, des systèmes d'échange locaux. L'agriculture biologique se développe et les circuits d'échange se raccourcissent, impliquant des relations plus sincères entre les intermédiaires. L'économie coopérative, donc le partage de la propriété et des outils de production, est une clé pour l'avenir. Les solutions existent, il faut maintenant créer une conscience commune. Nous devons profiter du confort que nous avons encore de pouvoir réfléchir sans être aliénés par l'impératif dramatique et anxiogène de la nécessité.

C'est une question de propositions politiques ?

Le régime démocratique a été considéré comme quelque chose d'acquis, et de nombreux citoyens ne se préoccupent plus de la chose commune. Cette passivité a permis à l'oligarchie et à la finance de monopoliser le pouvoir. Rien ne se fera sans un nouvel engagement politique – au meilleur sens du terme – de chacun d’entre nous. Et un enjeu politique principal est la reprise de contrôle, par les instances politiques, du système financier.

La finance responsable et solidaire a-t-elle besoin d'un Hervé Kempf pour toucher le public comme le fait l'écologie ?

Vulgariser, rendre le discours accessible à tous est primordial. La difficulté est de le faire sans perdre l'exigence intellectuelle liée au sujet. La crise financière a fait prendre conscience au monde entier de l'urgence citoyenne de reprendre en main le système financier.

La finance fait peur, certes, mais de moins en moins, grâce aux économistes et journalistes qui sont guidés par la démarche citoyenne. La nouvelle finance, responsable et solidaire, a un rôle important à jouer, en montrant qu'un autre système de crédit est possible que celui que promeuvent les banques capitalistes.

Conclusions

Sommes-nous en dictature ? Non. Sommes-nous en démocratie ? Non plus. Les puissances d’argent ont acquis une influence démesurée, les grands médias sont contrôlés par les intérêts capitalistes, les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entamées. Dans tous les pays occidentaux, la démocratie est attaquée par une caste. En réalité, nous sommes entrés dans un régime oligarchique, cette forme politique conçue par les Grecs anciens et qu’ont oubliée les politologues : la domination d’une petite classe de puissants qui discutent entre pairs et imposent ensuite leurs décisions à l’ensemble des citoyens.

Si nous voulons répondre aux défis du XXIe siècle, il faut revenir en démocratie : cela suppose de reconnaître l’oligarchie pour ce qu’elle est, un régime qui vise à maintenir les privilèges des riches au mépris des urgences sociales et écologiques.

Car la crise écologique et la mondialisation rebattent les cartes de notre culture politique : l’Occident doit apprendre à partager le monde avec les autres habitants de la planète. Il n’y parviendra qu’en sortant du régime oligarchique pour réinventer une démocratie vivante. Si nous échouons à aller vers la Cité mondiale, guidés par le souci de l’équilibre écologique, les oligarques nous entraîneront dans la violence et l’autoritarisme.

Au terme de ce récit précisément documenté mais toujours vivant, le lecteur ne verra plus la politique de la même façon.

Références : l’oligarchie ça suffit, vive la démocratie de Hervé Kempf - Editeur : Seuil - Date de publication : 6 janvier 2011 - EAN13 : 9782021028881 - Prix public : 14 €

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